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Comprendre l'épidémie de coqueluche

le 25/10/2024

Depuis le début de l’année, la coqueluche connaît une recrudescence significative en France. Ce bond marque le début d’un nouveau cycle épidémique important, suscitant l'inquiétude des autorités sanitaires. Quelles sont les causes de ce retour en force ? Quelles recommandations vaccinales suivre pour protéger les plus vulnérables, notamment les nourrissons ? Explications avec le Docteur Mac Nab, médecin infectiologue au sein de Ramsay Santé.

Coqueluche vaccin
Comment se protéger de la coqueluche ? Quelles sont les recommandations vaccinales ?

Depuis le début de l’année, la coqueluche connaît une recrudescence significative en France. En juin 2024, le réseau 3-Labos recensait près de 7 000 tests PCR positifs à la bactérie, contre 518 pour toute l’année 2023[1]. Les données du réseau hospitalier RENACOQ rapportent, depuis début 2024, un total de 28 décès dont 20 enfants de moins d’un an. Ce bond marque le début d’un nouveau cycle épidémique important, suscitant l'inquiétude des autorités sanitaires. 
 

 

Qu’est-ce que la coqueluche ? Quel est son mode de transmission ?

La coqueluche est une maladie bactérienne extrêmement contagieuse qui se manifeste par des signes respiratoires, en particulier une toux sans fièvre. Elle est due à la bactérie Bordetella pertussis. Elle se transmet par voie aérienne, par l’intermédiaire des gouttelettes de salives émises lors de la respiration et plus particulièrement en cas de toux. Les conséquences de la maladie peuvent être graves chez les personnes vulnérables, spécialement les nouveau-nés. 

 

Quels sont les symptômes de la coqueluche ?

La première phase est l’incubation, d’une durée d’environ deux semaines, au cours de laquelle le patient n’a pratiquement aucun symptôme, à l’exception d’un léger écoulement nasal dans certains cas. La deuxième phase, lorsque les symptômes deviennent plus intenses et que le patient est le plus contagieux, est caractérisée par une toux persistante (de plus de sept jours), sans fièvre, avec des quintes de toux répétées et une reprise inspiratoire, accompagnée d’un son aigu, qu’on surnomme le « chant du coq ». Ces quintes de toux sont souvent épuisantes pour les patients. Chez les nourrissons tout particulièrement, elles peuvent entraîner des défaillances respiratoires. Chez les adolescents et les adultes, si les symptômes sont généralement moins forts, on observe habituellement une recrudescence de la toux durant la nuit.

La troisième phase est la convalescence, lors de laquelle la toux régresse lentement, et qui dure plusieurs semaines.

 

Comment diagnostiquer la coqueluche ?

Il existe deux solutions pour diagnostiquer la coqueluche : le diagnostic par une analyse PCR (Polymerase chain reaction ou réaction de polymérase en chaîne) et la mise en évidence de la bactérie en culture, mais cette dernière est rarement pratiquée, réservée aux centres de référence.

 

Nous sommes face à une recrudescence importante des cas de coqueluche en France. Comment expliquer cette épidémie ? 

Qu'elle soit acquise par la maladie ou par le vaccin, l’immunité contre la coqueluche ne dure pas toute la vie, elle décroît dans le temps. C’est ce qui explique que la coqueluche se propage en France par des cycles de recrudescence, généralement tous les trois à cinq ans. Ce schéma est caractéristique d’un pays dans lequel il y a une forte immunisation vaccinale. En France, le dernier cycle de recrudescence a eu lieu en 2017-2018. Depuis, avec la pandémie de Covid-19, et comme pour toutes les maladies à transmission respiratoire, il y a eu très peu de circulation de la bactérie en raison du port du masque. Par conséquent, la phase de recrudescence que nous traversons actuellement est d’autant plus importante que la bactérie a moins circulé de 2020 à 2022.

En juillet 2024, le réseau RENACOQ rapportait un nombre cumulé de 199 nourrissons de moins d’un an hospitalisés[2]. Un nombre près de cinq fois supérieur au total de l’année 2023 (51 cas d’hospitalisation).

 

Quel traitement pour la coqueluche ?

Pour traiter la coqueluche, les patients se voient prescrire des antibiotiques de la famille des macrolides. Ce traitement diminue la transmission, mais pas automatiquement la durée de la maladie. Les antibiotiques sont prescrits pour les patients atteints ainsi que les membres de leur entourage n’ayant pas reçu de rappel vaccinal depuis moins de cinq ans, y compris s’ils n’ont pas de symptômes. Parallèlement, le port du masque est fortement recommandé afin d’éviter la transmission.

 

Comment se protéger de la coqueluche ? Quelles sont les recommandations vaccinales ?

La vaccination de la coqueluche est obligatoire chez les enfants. La première injection a lieu à l’âge de deux mois (puis au quatrième mois et au onzième mois). Il s’agit d’un vaccin inactivé, qui fait partie du DTCoq (diphtérie, tétanos, coqueluche) et DTcaPolio (diphtérie, tétanos, coqueluche et poliomlyélite). Le rappel vaccinal est ensuite réalisé à 6 ans, puis autour de 12 ans et à 25 ans.

Au regard de la recrudescence des cas de coqueluche et du fait que les nourrissons ne sont pas vaccinés avant deux mois, la Haute autorité de santé (HAS) a préconisé un rappel de vaccination pour les femmes enceintes. Elles sont donc appelées à recevoir l’injection à chaque grossesse, lors du deuxième trimestre. De cette façon, elles peuvent transmettre l’anticorps de la coqueluche au futur nouveau-né. En l’absence de vaccination de la femme enceinte, il est recommandé de procéder à la stratégie du « cocooning », c’est-à-dire de vacciner toutes les personnes de l’entourage du nourrisson.

Depuis juillet 2024, la HAS a également recommandé que tous les soignants des maternités et services de néonatologie reçoivent un rappel du vaccin si la dernière injection a plus de cinq ans.

La coqueluche n’est pas une maladie à déclaration obligatoire. Néanmoins, il existe une obligation de déclarer à l’ARS tous les cas de coqueluche qui apparaissent dans un milieu de soin (établissement hospitalier, cliniques, etc.), ou dès lors que deux cas ou plus sont recensés dans un établissement (crèche, école, etc.).

 

La coqueluche est encore mortelle pour les nourrissons. Du fait de sa très grande contagiosité, une prévention rigoureuse, notamment à travers la vaccination, s’impose. 


 

[1] Sante.gouv.fr - https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgs-urgent_no2024_08_coqueluche.pdf